- Est-ce que les rapaces vous posent des problèmes ?
M. Armand : Ils peuvent attraper un petit poulet d'une semaine et aussi des pigeons. Un
poulet d'une semaine n'est guère plus gros qu'un moineau.
C'est que des "gris" : ils sont souvent sur les pylônes. Ils attendent de voir une souris, une
taupe, et puis hop, ils plongent d'un coup. (Les "gris" sont des buses)
- Vous voyez le rapace quand il les attrape ?
M. Armand : Oui, oui. Il tourne très haut et puis après d'un coup il les fixe. Il les
endort et il les attrape. Il part avec le poulet.
- Est-ce qu'un rapace a déjà attrapé un mouton ?
M. Armand : Des petits moutons qui viennent de naître... Mais c'est très rare car le
chien
de berger surveille. Un petit agneau fait 4 kilos.
- Est-ce que vous avez été obligé d'utiliser votre fusil ?
M. Armand : On n'a pas le droit, c'est interdit de les tuer.
- Qu'est-ce que vous faites quand il les attrape ?
M. Armand : J'envoie le chien. Des fois, la peur du chien lui fait lâcher le poulet. J'ai sauvé
un gros pigeon. J'ai tapé des mains, je suis parti avec le chien dans les mines. Le pigeon avait les plumes
du dos un peu arrachées.
Mais souvent il est mort : tout de suite le rapace l' assomme, il lui creuse la cervelle.
C'est surtout au mois de mai, vers le 15, ils chassent pour nourrir les petits. Quand je
garde les moutons, je les vois ; le chien aussi.
Les autres choses qu'ils détruisent, ce sont les nids de pies. Les pies ne sont pas assez
nombreuses pour se défendre, et ils mangent tous les petits.
Les corbeaux non, quand ils arrivent, ils sont au moins une trentaine. Ils combattent le
rapace et il se sauve. Ca je l'ai vu dans les peupliers, où les corbeaux font leurs nids.
Jean-Louis Armand
Le coq, l'oie et surtout le dindon protègent toute la basse-cour. Le coq chante quand il y a le renard ou
la buse.
En ce moment, il y en a des renards. C'est entre le premier et le 15 mai, quand ils ont les
petits. Ils guettent dans le blé qui est haut. Quand une poule passe au bord du blé, ils
l'attrapent. J'entends le coq qui chante, qui chante. Je regarde en haut, il n'y a rien,
j'entends bouger dans le blé, c'est le renard avec la poule. Tous les soirs, vers les 9 h, j'en vois deux,
trois.
Le plus qu'on en voit, c'est à la fin de l'été, au mois de septembre, après les chaleurs.
Même les gros corbeaux attrapent les petits poussins, les petits poulets.
- Quand vous avez une bête morte dans le troupeau, vous en faites quoi ?
M. Armand : Quand j'avais des petits agneaux [morts], des petites bêtes, je les portais
dans la bruyère. Quand j'avais des brebis [mortes], je les enterrais avec le tracteur.
Maintenant c'est interdit depuis janvier 97. C'est l'équarrissage de Marseille qui vient me
les prendre gratuitement. Il faut que les bêtes fassent 40 Kg. Autrement on paie 200 F la
bête.
Max Gallardo : Il y a aussi la possibilité
de faire vous-même un petit enclos - afin d' éviter que les renards
ou les chiens viennent- pour donner à manger aux rapaces, pas très loin de
l'exploitation, dans un endroit un peu isolé. Ce qu'on a fait de l'autre côté du Luberon,
vers Manosque, ce sont des containers réfrigérés : quand il y a une
bête morte, les gardes forestiers vont la prendre pour la congeler et
la mettre dans le charnier. Ca permet de nourrir les rapaces.
Ici il n'y a pas assez d'éleveurs. Nous avons mis en place des aires de nourrissage
dans le Luberon pour les rapaces.
M. Armand : Oui, on n'est plus que trois. On était quatre.
Les rapaces ne représentent donc qu'une moindre menace pour les bêtes de la ferme par rapport
aux renards. Et la disparition des éleveurs comme les contraintes sanitaires ont diminué leur nourriture.
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