- A quoi sert l'ocre ?
- Et bien, l'ocre c'est un pigment. ça sert à colorer. C'est une couleur
naturelle.
- Où trouvez-vous l’eau ?
- L'eau, c'est une eau de source. Je la prends en altitude. Ce qui
ne permet, avec la gravité, d'avoir de la pression.
- A qui vendez-vous l'ocre ?
- Aux marchands de matériaux. Pour les crépis de façade. Dans les cires pour les croûtes
de fromage. Toutes les cires. ça va dans le papier, dans
le caoutchouc, dans le tout-aliment des animaux... Le textile en Côte d'ivoire. Ca va beaucoup à l'étranger.
On a un container qui doit partir pour le Japon. Il y a presque 90 % à l'exportation.
- Quels Outils utilisez-vous ?
- Oh très peu : des tuyaux pour amener l'eau, une manche de
pompier pour avoir un jet, une pelle, une pioche. Et sur le bassin. une planche avec de longs clous qui fait les
parpaings.
- Que faites-vous de l'ocre quand vous l'apportez à Apt ?
- On la passe au microniseur qui expulse les petits débris d'herbes, de feuilles, les restants de
sable. Et dans le sac, il n'y reste plus que l'ocre pure.
- Combien êtes-vous payé ?
- Oh, un petit peu plus que le SMIC, juste au-dessus.
- Vous travaillez toujours ici, sur ce chantier ?
- Je commence à la toussaint jusqu'au 15 mai. Après, il y a un creux pour laisser sécher
l'ocre. Puis on la met en mur et puis on la rentre avant le 15 août. Après, les journées sont
plus courtes, il y a de la rosée. Elle ne sèche plus. Je reste à l'usine.
- Pensez-vous abandonner ?
- Moi, oui. Je prends la retraite l'année prochaine.
- Mais l'exploitation, est-ce qu'elle va continuer ?
- Ici, je ne pense pas que ça va continuer. Je crois que c'est
la dernière année, d'après ce que le propriétaire m'a dit hier. Il paie trop d'impôts
pour le rapport que ça a.
- Merci beaucoup, monsieur Roger.

Ce jour-là, le tractopelle râclait inlassablement
le sol du "Sahara Provençal"
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